Ce chapitre est sur la naissance d’une passion avec « Jamais au grand jamais », sur les styles d’écritures avec « De Mozart à Bechet », sur mon souhait avec : « Qu’ainsi il en soit », sur l’évasion, la rêverie avec « Un jardin secret », sur mes coups de colère avec « Je veux vivre », sur la solitude avec « Ma douce et sombre amie », sur mes valeurs avec « L’épicurien », sur les Noëls aujourd’hui avec « Père Noël, reviens quand tu veux », sur L’amour maternel avec « Un cœur unique », sur l’amour paternel avec « à ce titan », sur « Mon chat », sur mon royaume avec « L’âme de mon âtre », sur mes enfants avec « Une autre certitude », sur le temps raté avec « L’Immortel », sur « Mes Noëls » enfant, et en bon Français, j’aime que tous finissent en chansons ; je vous invite, donc, à poursuivre avec : Un air de chanson sans façon.
Jamais au grand jamais, sans que je ne déprime,
Rédiger un écrit, en cherchant la bonne rime,
En gardant le bon rythme, aurait pu, pourquoi faire,
Traverser mon esprit ; j’étais à mes affaires.
Une surprise arriva, un beau jour, par courrier,
De mon fils, mon aîné, depuis peu jeune marié :
Un poème, pour me dire son estime, gentiment,
Simplement, poliment, sans trop de compliments.
J’en étais très ému, ne sachant plus que dire,
J’ai voulu lui écrire, et ainsi rebondir ;
J’ai pris ma plus belle plume et je me suis astreint,
À noter sur une feuille, un merci en quatrains.
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J’aime celui, qui compose et excelle dans son art,
Comme l’a fait le grand et prodigieux jeune Mozart :
C’était une amusette, un enfant pas très sage,
Mais il passe, sans vieillir, à travers tous les âges.
J’aime le jazz de Bechet : le roi du spontané,
Son swingue vit et balance depuis toutes ces années.
Bien qu’il eût des manières de vaurien, en son temps,
Son génie et son style ont un air de printemps.
J’aime les deux et refuse, même l’idée, de choisir,
Ils m’apportent, chacun à leur façon, du plaisir,
Je serais désolé, d’avoir une préférence,
Ce serait dommageable de faire une différence.
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Un peu de poésie, dans notre quotidien,
Pour oublier le noir regard du tragédien
Et mettre de l’harmonie, partout autour de soi,
C’est une prière, un vœu ; et qu’ainsi il en soit.
J’unis mes vers à la fraîcheur des aquarelles :
La rime et la couleur, quoi de plus naturel,
Le ton du verbe, le ton pastel se plaisent ensemble,
Ils déteignent l’un sur l’autre, se confondent et s’assemblent.
Je voudrais sur mes textes, écrire une partition,
Les rendre légers comme l’air, comme une ondulation,
Pour qu’ils puissent s’envoler, avec grâce et souplesse ;
Qu’ils remplissent nos esprits de charme et de noblesse.
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Je possède, dans un coin de la tête, un jardin :
Dans ce lieu, je flâne pour fuir le monde citadin,
Dans ce lieu tout être a une âme et parle aussi,
Tous expriment leurs pensées, me racontent leurs soucis.
D’un coucou, je salue l’innocente Marguerite,
J’ai pour elle une sincère amitié, qu’elle mérite :
Sa pureté est profonde, elle est d’une grande blancheur ;
Je lui donne le bonjour et elle m’offre sa fraîcheur.
Je tapote du doigt sur les pétales de Lilas ;
Tout émue, elle me dit : ah c’est toi, te voilà,
Et explique qu’elle a un amoureux qui soupire ;
Je lui donne un conseil et elle m’offre un sourire.
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« Y'en a marre, plus que marre » des donneurs de leçons,
Qui ne savent qu’après coup, annoncer leur
façon,
« Y'avait qu’à, fallait que » et qui sont
incapables
De faire quoi que ce soit ; ils sont tous
pitoyables.
« Y'en a marre, plus que marre » du râleur
endurci,
Qui ne broie que du noir, pour qui tout
s’obscurcit,
Qui vous sape votre entrain, en deux temps trois
mouvements,
Parce qu’il est défaitiste ; c’est d’un nul
déprimant.
« Y'en a marre, plus que marre » des prêcheurs de
morale,
Qui se choquent, pour un rien, des pratiques
générales,
Et qui baignent dans les vices les plus bas, les plus
sales :
L’imposture est énorme, la duperie
colossale.
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Quand le besoin s’en fait sentir, je me retire,
Loin de la foule qui semble prête à m’engloutir,
Loin de tout être, en quête de paix et de quiétude ;
En emmenant ma douce amie : la solitude.
Où que je sois, elle n’est pas loin, elle m’accompagne.
Je lave mes plaies avec les larmes de cette compagne,
Je peux compter pleinement sur sa sollicitude ;
C’est vraiment une amie fidèle : la solitude.
Elle me renforce, me conditionne pour affronter
Tous mes soucis et amplifie ma volonté,
Elle sait enlever mes craintes et mes incertitudes ;
Elle est pour moi une grande amie : la solitude.
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Dans le froid de la ville et le gris du béton,
Je rêve : vivre sur une île, pour compter mes moutons,
Regarder le soleil, l’océan et le ciel,
Observer les merveilles comme l’est un arc-en-ciel,
L’admirer sans bouger pour bien tout nuancer
Et laisser s’immerger, dans ses rais, ma pensée.
Dans le bruit du trafic, des moteurs qui se lancent,
Je rêve : du Pacifique, de son monde du silence,
Du chant de la baleine qui cherche un partenaire,
Sans jamais perdre haleine, parmi ses congénères ;
Apprécier l’éloquence de l’appel amical,
Distinguer la fréquence de ses notes musicales.
Dans les gaz d’échappement et les suies organiques,
Je rêve : d’un grand gréement sans soutien mécanique,
Ne voguant qu’à la voile en bravant toutes les mers
Et suivant les étoiles sur les routes d’outremer ;
Me placer à l’avant pour gonfler les poumons,
Et sentir dans le vent l’odeur du goémon.
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Père Noël, c’est maman qui écrit à ma place,
Je ne sais pas écrire, je suis en petite classe,
À l’école, j’écoute bien ma maîtresse pour apprendre,
J’aime aussi, aux récrés jouer pour me détendre.
Père Noël, c’est gentil d’apporter des jouets,
Je ne fais pas de liste, tu connais mes souhaits ;
Si tu sais, qu’un enfant malheureux n’en a pas,
Tu lui donnes un des miens, je suis un gars sympa.
Père Noël, Je ne suis pas toujours très très sage,
Pas vilain, juste un peu turbulent pour mon âge,
Des bêtises, j’en fais plein, mais tu sais, c’est pour rire,
À chaque fois on me gronde et je perds mon sourire.
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Pour n’inquiéter personne, parmi tes biens aimés,
À l’écart de tout regard il s’est abîmé ;
Assurément parce qu’il n’a fait que se donner,
Ton cœur sans rien dire a failli t’abandonner.
Toi qui, inquiète nous réchauffais sous ta douce aile,
Avec l’aspect paisible et fluide d’une aquarelle,
Pleine de bonté, le regard plus que bienveillant,
Tu étais là, rien que pour nous, le cœur vaillant.
Toi qui, craintive, à tout danger éventuel,
Nous rassemblais, par réflexe et par rituel,
À tes côtés, pour apaiser et conforter ;
On ressentait, que ce cœur tendre, nous exhortait.
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Encore enfant, toutes les saisons, il besognait
Tôt le matin et tard le soir, sans rechigner,
Pour éviter à sa famille trop de misère
Et faire plaisir, à sa façon, la plus sincère.
À peine jeune homme, il dut partir et travailler,
À l’étranger, pour soulager et débrouiller,
De la grande gêne et du besoin, qui existaient,
Dans le village et la maison qu’il habitait.
Mémoriser ses souvenirs et s’exiler,
Vers l’inconnu, une décision ferme sans piailler,
Qu’il a osé : dans sa valise, de quoi survivre
Et dans la tête la volonté de les faire vivre.
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Mon chat est un pacha, pendant toute la journée
Il dort ou se prélasse, de façon alternée,
Il réclame à manger et à boire en miaulant ;
Je suis au service de ce seigneur nonchalant.
Mais quand vient la nuit noire il veut voir les souris,
Dans son beau pelage gris, de félin bien nourri,
Il prépare sa virée, sûr de faire un malheur ;
Attention, prenez garde, il arrive : c’est son heure.
Sur ses pattes de velours, il glisse dans la pénombre,
Discret comme un voleur et léger comme une ombre,
Il s’arrête par moment et écoute dans le vent,
Les oreilles grandes ouvertes, il observe les mouvements.
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Au détour d’un chemin, fuyant mes idées noires,
Je suis resté pantois devant un beau manoir,
Son charme impressionnait, je sentis son emprise,
M’envahir doucement, comme une plaisante traîtrise.
Timide, je m’approchais de ce lieu mystérieux,
N’osant pas déranger, mais tout de même curieux,
Séduit par tant d’attraits, discrets presque cachés ;
J’avais le sentiment de m’en amouracher.
La grille était ouverte, la place était déserte,
Tout était accueillant, j’en fis la découverte ;
Je m’avançais prudent, en prenant tout mon temps,
D’abord dans ce jardin aux contours envoûtants.
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Avant de naître, j’étais peut-être, poussière d’étoile ?
Il me plairait, pouvoir enfin, lever le voile,
Faire la lumière, sur cette question, qui me dépasse ;
Mes réflexions aboutissent toutes dans une impasse.
Je vis ma vie en appréciant ce bref passage,
Curieux d’apprendre qu’elle est le sens et le message
De ce remue-ménage que nous occasionnons
Et la valeur, dans tout ça, de mon petit nom.
Un au-delà, comment pourrais-je l’imaginer ?
Dans mon esprit l’intelligence n’est pas innée,
Je ne conçois pas ce que je ne comprends pas.
C’est sans regret que j’en fais mon mea culpa.
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J’J’ai eu quinze ans et des boutons, sur le menton,
Je criais fort pour ne pas être, un doux mouton,
J’étais rebelle pour bien montrer, que j’existais,
Et je prenais très au sérieux, ce que j’étais.
J’ai eu vingt ans, très décidé et très mordant,
Je réclamais mon territoire, à coups de dents,
Même aux abois, j’étais paré à me défendre,
Comme les grands loups, je m’imposais sans en démordre.
J’ai eu trente ans et des enfants, tous merveilleux,
Je ne les ai pas vu grandir, j’étais sans yeux,
Trop occupé, je surveillais, comme un rapace,
Mes environs, pour que personne ne prenne ma place.
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J’
Mes noëls sont mes souvenirs les plus lointains,
Je restais dans mon lit douillet tard le matin,
Et j’aimais voir, par la fenêtre, le temps glacial.
Qu’il était doux d’apprécier le nid familial.
Je savais que c’était un jour exceptionnel,
Dès le réveil, l’ambiance était très solennelle,
Je voyais sur les visages un sourire complice :
Il se tramait, pour moi, quelque chose en coulisse.
Le feu était allumé dans la cheminée,
Et dégageait une chaleur qui me câlinait,
J’aimais ses flammes vives, éclatantes et rayonnantes,
Qui créaient une animation chaude, avenante.
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