Je possède, dans un coin de la tête, un jardin :
Dans ce lieu, je flâne pour fuir le monde citadin,
Dans ce lieu tout être a une âme et parle aussi,
Tous expriment leurs pensées, me racontent leurs soucis.
D’un coucou, je salue l’innocente Marguerite,
J’ai pour elle une sincère amitié, qu’elle mérite :
Sa pureté est profonde, elle est d’une grande blancheur ;
Je lui donne le bonjour et elle m’offre sa fraîcheur.
Je tapote du doigt sur les pétales de Lilas ;
Tout émue, elle me dit : ah c’est toi, te voilà,
Et explique qu’elle a un amoureux qui soupire ;
Je lui donne un conseil et elle m’offre un sourire.
À genoux, je me mets, aux pieds de Véronique,
Avec elle je discute surtout de botanique,
Elle attend ma venue car elle est très fidèle ;
Je lui donne de mon temps et elle m’offre un peu d’elle.
J’envoie un baiser à la coquine églantine
Et lui glisse un mot doux sur une carte valentine,
Pour dire en rimes la joie que j’ai de la connaître ;
Je lui donne ce présent et elle m’offre son bien-être.
Je m’incline devant la gracieuse reine, la belle Rose ;
Déclarer la passion que je lui voue, je l’ose,
Car je suis un servant courtisan plein d’ardeurs ;
Je lui donne mes bons soins et elle m’offre sa splendeur.
C’est un lieu magnifique, j’observe en promeneur
La beauté de ses fleurs et je cueille mon bonheur ;
Je le garde et protège des regards indiscrets.
Je possède dans un coin de la tête, ce secret.
De nombreux prénoms féminins correspondent à celui des fleurs et les fleurs ont un langage, la marguerite est innocente, lilas est amoureuse, véronique est fidèle, églantine est coquine, la rose représente l’amour. Un jardinier peut donc, sans soucis, avoir une pensée pour chacune elle.