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L'immortel

 

J’ai eu quinze ans et des boutons, sur le menton,

Je criais fort pour ne pas être, comme un mouton,

J’étais rebelle pour bien montrer, que j’existais,

Et je prenais très au sérieux, ce que j’étais.

 

J’ai eu vingt ans, très décidé et très mordant,

Je réclamais mon territoire, à coups de dents,

Même aux abois, j’étais paré à me défendre,

Comme les grands loups, je m’imposais sans en démordre.

 

J’ai eu trente ans et des enfants, tous merveilleux,

Je ne les ai pas vu grandir, j’étais sans yeux,

Trop occupé, je surveillais, comme un rapace,

Mes environs, pour que personne ne prenne ma place.

 

À quarante ans, des rides en plus, toujours en course,

J’ai pris conscience que je vivais, comme un vieil ours.

J’ai raté toutes les petites joies élémentaires,

Et j’ai senti le froid polaire, des solitaires.

 

À cinquante ans, des cheveux blancs, mais droit et digne ;

Comme le vieux lion qui voit pointer sa fin de règne,

J’observe au loin, venir l’absence de leur présence.

Ces chers enfants, ils font partie de mon essence.

 

Demain j’aurais, peut être une canne, le dos voûté.

Comme une mère poule, j’aimerais qu’ils soient à mes côtés,

Pouvoir enfin, leur dire en face, avec instance,

Toute l’importance que représente, leur existence.

 

Encore après, la vie en moins, il me plairait,

Comme le phénix, réapparaître pour demeurer,

Dans leur esprit, leur cœur ; alors je serais tel,

Sans corps, sans souffle, à travers eux : un immortel.

Nous menons notre vie au mieux et allons vers l’avenir, mais qu’est-ce que l’avenir, seulement demain ou après-demain ? La vie se transmet donc elle continue, l’image du phénix me plaît et resté dans les esprits aussi.