Pour la poule, rien ne va, elle craint pour son bien-être,
Elle ne voit que tracas à travers sa fenêtre :
Le ciel est triste et noir, la terre est sèche et dure,
De plus en plus de choses, pour survivre, elle endure,
Le toit du poulailler laisse passer l’eau de pluie,
Elle se sent oppressée, son espace se réduit,
Elle côtoie un monde fou et même des étrangers,
De plus elle aimerait plus de grains à manger.
Elle en parle à la chouette, que l’on dit clairvoyante,
Sa logique, sans détour, peut paraître dérangeante,
Mais elle est implacable, le ciel en est témoin.
Elle détient un savoir qui lui vient de très loin.
Elle écoute, puis conseille : d’agrandir le foyer
En fonction des besoins pour que tous soient choyés,
De changer la toiture pour bien être protégés,
D’avoir une nourriture moins riche et allégé.
Ce qui ne convient pas à notre volatile
Qui estime ces propos tout à fait inutiles,
En effet, ce n’est pas à elle de concevoir
Ces choses-là, ces travaux ne sont pas ses devoirs.
Le paon vient devant elle lui montrer sa belle roue ;
Pour avoir l’attention, il enlève son courroux,
Confirmant et disant tout ce qu’elle veut entendre.
Peu importe ce qu’il dit, il veut plaire et surprendre.
C’est facile, il suffit de quitter la basse-cour,
Lui dit-il sérieusement, tu n’as que ce recours ;
Tu trouveras, à ton aise, mieux ailleurs sans problème
Tu seras plus heureuse, c’est certain et moins blême.
Elle sait bien que ce bel emplumé n’est pas fiable
Que ses dires ne sont ni exacts ni vérifiables.
Pour avoir bonne conscience, ça l’arrange de le croire,
Même si elle garde ses doutes ; elle a un peu d’espoir.
En dehors de la ferme, elle jette un œil curieux
Et elle croise le regard du renard malicieux.
Il est là, aux aguets, pour saisir l’occasion
D’obtenir facilement une petite collation.
Sans complexe il invite, notre amie, à sa table
En prenant les bonnes formes pour paraître respectable ;
Elle le suit docilement, sûr de faire un festin,
Sûr de faire le bon choix pour changer son destin.
Elle comprit un peu tard, quand elle fut déplumée,
Qu’elle donnerait, au potage, son jus et son fumet.
Elle s’en veut d’avoir cru en tous ces beaux parleurs
Qui ne pensent qu’à eux-mêmes et ont fait son malheur.
Elle se dit, alors qu’elle agonise et se meurt
J’aurais dû, sans pleurer, agencer ma demeure
Au lieu de caqueter et me plaindre à tous vents.
À vouloir, tout pour rien, on perd tout, très souvent.
Il est nécessaire de savoir se prendre en mains, on ne peut pas se retourner uniquement sur les autres pour améliorer son bien-être. Écouter les bons conseils, éviter les charlatans et fuir les prédateurs, peut être utile.